Les droits de douane américains sur les produits canadiens restent une source d'inquiétude pour les entreprises canadiennes. Les mesures commerciales en cours pèsent sur les relations entre les États-Unis et le Canada, augmentent les coûts et modifient le paysage concurrentiel. La volatilité de notre dynamique commerciale avec les États-Unis s'est intensifiée, créant encore plus d'incertitude pour les entreprises canadiennes.
Décortiquer le différend tarifaire : Une chronologie rapide
- 1er février 2025 : Le président américain Donald Trump invoque les pouvoirs économiques d'urgence et signe des décrets imposant de nouveaux tarifs douaniers radicaux. Ces décrets prévoient des droits de douane de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada (avec un taux de 10 % sur le pétrole et l'énergie canadiens) et de 25 % sur toutes les importations en provenance du Mexique, ainsi que des droits de douane de 10 % sur les importations en provenance de la Chine, à compter du 4 février (pbs.org). Ces mesures ont été justifiées par les États-Unis comme une réponse à l'immigration clandestine et à la contrebande de fentanyl, mais elles ont suscité une indignation immédiate. Le Canada a promis de riposter en imposant des droits de douane équivalents - une surtaxe initiale de 25 % sur environ 30 milliards de dollars de marchandises américaines, qui sera portée à 155 milliards de dollars après 21 jours.
- Le 3 février 2025 : Un jour avant l'entrée en vigueur des droits de douane, les deux parties font marche arrière. Le président Trump a accepté une pause de 30 jours sur les menaces de droits de douane contre le Canada et le Mexique, tandis que le Canada a suspendu ses contre-tarifs. Cette trêve temporaire devait permettre des négociations sur les mesures de sécurité aux frontières.
- Le 4 mars 2025 : La trêve expire. Les États-Unis ont commencé à appliquer des droits de douane sur les exportations canadiennes, avec des droits de 25 % sur la plupart des produits et des droits de 10 % sur l'énergie et la potasse canadiennes (reuters.com). Le Canada impose simultanément ses tarifs de rétorsion de la phase 1 de 25 % sur 30 milliards de dollars d'importations américaines (pm.gc.ca). Dans le même temps, les États-Unis ont doublé leurs droits de douane sur les importations chinoises, les faisant passer à 20 %. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a ensuite annoncé qu'il prévoyait d'autres contre-mesures totalisant 155 milliards de dollars canadiens (phase 2) au cours de la semaine à venir. Toutefois, le Canada a suspendu ses droits de douane de la phase 2 (la liste des 125 milliards de dollars supplémentaires) jusqu'au 2 avril au moins, dans l'espoir que la diplomatie l'emporte.
- 5-6 mars 2025 : Face à la pression de l'industrie et des alliés, les États-Unis ont offert un allègement limité. Le 5 mars, le président Trump a annoncé une exemption de 30 jours pour toutes les automobiles et pièces automobiles en provenance du Canada et du Mexique. Le 6 mars, cette exemption a été clarifiée pour s'appliquer aux produits conformes à l'accord Canada-États-Unis-Mexique (CUSMA), épargnant essentiellement les véhicules/pièces répondant aux règles de contenu nord-américain des droits de douane jusqu'au 2 avril. Les produits ne répondant pas aux exigences d'origine de l'accord CUSMA restent soumis à des droits de douane de 25 % et les produits énergétiques non conformes à l'accord CUSMA à des droits de douane de 10 %. En réponse, le Canada a maintenu sa surtaxe initiale de 25 % sur 30 milliards de dollars de marchandises américaines, mais a reporté sa deuxième série de droits de douane de rétorsion (les 125 milliards de dollars restants) jusqu'au 2 avril.
- 12 mars 2025 : Le conflit commercial s'aggrave. Les États-Unis imposent de nouveaux droits de douane de 25 % sur les importations d'acier et d'aluminium dans le monde entier (y compris au Canada ; source : pm.gc.ca). Le Canada réagit le lendemain (13 mars) en imposant des droits de douane équivalents de 25 % sur l'acier (12,6 milliards de dollars) et l'aluminium (3 milliards de dollars) américains, ainsi que sur d'autres produits américains pour un montant total de 14,2 milliards de dollars, ce qui équivaut aux droits de douane américains sur les métaux, dollar pour dollar.
- 26 mars 2025 : Le président Trump signale une nouvelle escalade dans le secteur automobile. Il a annoncé son intention de prendre un décret imposant des droits de douane de 25 % sur tous les véhicules qui ne sont pas fabriqués aux États-Unis, à compter du 2 avril. Les enjeux pour l'industrie automobile canadienne, vitale pour le pays, s'en trouvent accrus.
- 3 avril 2025 : Les États-Unis mettent en œuvre les droits de douane sur les automobiles. Des droits de 25 % sur les automobiles construites au Canada sont entrés en vigueur, ciblant directement une industrie qui emploie plus de 500 000 Canadiens (pm.gc.ca). Les États-Unis ont également indiqué que des droits de 25 % sur certaines pièces automobiles entreraient en vigueur au début du mois de mai, ces droits ne s'appliquant qu'au contenu non américain des véhicules et pièces qualifiés par la CUSMA. Le Canada a immédiatement riposté en imposant une surtaxe de 25 % sur les importations d'automobiles fabriquées aux États-Unis qui ne satisfont pas aux règles de la CUSMA. Ottawa a également dévoilé des mesures visant à soutenir le secteur, notamment un cadre destiné à inciter les constructeurs automobiles à poursuivre leur production au Canada. Chaque dollar perçu au titre des contre-tarifs canadiens sur l'automobile sera affecté au soutien des travailleurs et des communautés du secteur automobile canadien.
- 9 avril 2025 : Les marchés mondiaux ont dû faire face à l'expansion de la guerre commerciale, ce qui a entraîné un changement radical de la politique américaine. Dans les premières heures, les droits de douane réciproques promis par M. Trump pour le « Jour de la libération » sont entrés en vigueur, augmentant les taxes à l'importation pour des dizaines de pays. Quelques heures plus tard, la Maison-Blanche a annoncé une suspension de 90 jours de la plupart de ces nouveaux droits de douane, dans le but de calmer les marchés. Les États-Unis sont revenus sur les augmentations prévues, maintenant un tarif de base de 10 % sur la quasi-totalité des importations mondiales pendant la pause de 90 jours. Toutefois, la situation du Canada est restée inchangée : les droits de douane américains de 25 % sur les produits canadiens (et de 10 % sur l'énergie et la potasse) sont restés fermement en place (reuters.com). En d'autres termes, les États-Unis ont exclu le Canada (et le Mexique) de cette vaste pause tarifaire, car ces tarifs ont été adoptés pour des raisons de sécurité frontalière distinctes (toronto.citynews.ca). Les mesures de rétorsion du Canada sur les produits américains sont également restées en vigueur, y compris les nouveaux droits de 25 % sur les importations d'automobiles américaines qui venaient d'être mis en œuvre.
(En résumé : après une accalmie temporaire en février, les droits de douane ont largement repris - les États-Unis taxent la plupart des exportations canadiennes à hauteur de 25 % (à quelques exceptions près), et le Canada applique ses propres contre-tarifs de 25 % sur un large éventail d'importations américaines. L'automobile a bénéficié d'un bref sursis, mais elle est désormais dans la ligne de mire des deux parties).
Négociations commerciales et perspectives post-électorales
Avec l'escalade des tarifs douaniers en avril, l'attention s'est tournée vers la diplomatie et le changement politique. Fin mars, le Premier ministre Mark Carney - qui a pris ses fonctions après la démission du Premier ministre Trudeau début 2025 - s'est entretenu avec le président Trump et a convenu d'entamer des « négociations globales » sur une nouvelle relation économique et de sécurité immédiatement après les élections fédérales au Canada. Les deux parties ont exprimé leur volonté de trouver une solution à plus long terme. Dans l'intervalle, le ministre canadien Dominic LeBlanc et le secrétaire américain au commerce Howard Lutnick ont mené des discussions au niveau opérationnel afin de répondre aux préoccupations commerciales urgentes. (pm.gc.ca) Toutefois, le Canada a clairement indiqué qu'il ne reculerait pas : M. Carney a informé M. Trump que le Canada appliquerait des tarifs douaniers de rétorsion pour protéger ses travailleurs à la suite des mesures prises par les États-Unis le 2 avril.
Les élections fédérales canadiennes ont eu lieu le 28 avril 2025, au milieu de cette agitation commerciale. Le résultat a maintenu la continuité de l'approche - le gouvernement libéral de M. Carney a été réélu, bien qu'avec un mandat minoritaire réduit. (reuters.com) Le Premier ministre Carney avait explicitement cherché à obtenir une forte majorité pour renforcer la position du Canada dans les négociations tarifaires avec Trump, mais il aura désormais besoin du soutien d'autres partis pour naviguer dans le conflit. Dans son discours de victoire, il a adopté un ton résolu sur le commerce, déclarant que « notre ancienne relation avec les États-Unis, une relation fondée sur une intégration sans cesse croissante, est terminée ». Il a reconnu que le système de libre-échange d'après-guerre ancré aux États-Unis n'était plus fiable et a promis que le Canada s'adapterait à cette nouvelle réalité. Il s'agit d'un changement de politique visant à diversifier les partenariats commerciaux et à renforcer l'autosuffisance économique. Des alliés tels que l'Union européenne se sont ralliés au Canada - les représentants de l'UE ont insisté sur la défense d'un commerce libre et équitable avec le Canada et d'autres partenaires du G7 -, ce qui laisse entendre que le Canada renforcera ses liens avec l'Europe et d'autres pays en guise de contrepoids.
Après les élections, la position du gouvernement canadien sur les droits de douane reste ferme. Tous les premiers ministres provinciaux et territoriaux ont présenté un front uni avec le premier ministre pour s'opposer aux mesures commerciales des États-Unis. (pm.gc.ca) Lors d'une discussion commune au début du mois d'avril, les premiers ministres du Canada ont condamné les tarifs douaniers américains qui mettent en péril des milliers d'emplois de part et d'autre de la frontière. Ils se sont mis d'accord sur une stratégie de réponse qui « maximise les effets aux États-Unis, minimise les effets sur les Canadiens et évite l'escalade d'une crise commerciale ». Le gouvernement fédéral s'est notamment engagé à utiliser toutes les recettes tirées des tarifs douaniers de rétorsion pour soutenir les travailleurs et les entreprises du Canada touchés par le différend. Cette approche souligne la détermination du Canada à maintenir des mesures de rétorsion tout en restant pragmatique, c'est-à-dire à maintenir la pression sur les États-Unis tout en protégeant autant que possible sa propre économie.
Sur le front des négociations, les pourparlers officiels entre le Canada et les États-Unis devraient commencer sérieusement maintenant que les élections canadiennes sont terminées. L'objectif des négociations sera de répondre aux préoccupations des États-Unis en matière de sécurité (comme le trafic de drogue vers le nord) en échange de la levée des droits de douane punitifs. Les responsables canadiens indiquent qu'ils recherchent un « nouveau partenariat économique et de sécurité » avec les États-Unis, qui rétablisse des relations commerciales stables. Il s'agit d'un effort diplomatique à fort enjeu qui se déroulera probablement au cours des prochaines semaines, après la visite du Premier ministre Carney dans le bureau ovale le 6 mai 2025. Entre-temps, les deux pays absorbent les retombées économiques de la guerre tarifaire.
Des mesures politiques sont également adoptées pour renforcer la résilience économique. En avril, le gouvernement fédéral a mis en place des mesures d'aide pour les industries prises entre deux feux. Par exemple, le 15 avril, le ministre des Finances François-Philippe Champagne a annoncé un programme de remise basé sur la performance pour les constructeurs automobiles : les entreprises qui continuent à fabriquer des véhicules au Canada seront autorisées à importer un certain quota de véhicules fabriqués aux États-Unis (conformes à la CUSMA) en franchise de droits, malgré les tarifs douaniers du Canada.(canada.ca) Cette incitation vise à maintenir les emplois de production au Canada - si un constructeur automobile réduit sa production ou ses investissements au Canada, son allocation d'importation en franchise de droits diminuera. En outre, Ottawa a accordé une exemption tarifaire temporaire de six mois sur les importations américaines qui sont des intrants essentiels pour les fabricants canadiens ou qui sont indispensables à la santé et à la sécurité publiques. Cette mesure offre un soulagement immédiat aux entreprises canadiennes qui dépendent des matériaux américains (et aux hôpitaux et autres qui achètent des fournitures américaines) en leur donnant une marge de manœuvre pour ajuster les chaînes d'approvisionnement ou trouver des solutions de remplacement au niveau national. Ces ajustements politiques illustrent la manière dont le Canada tente d'atténuer les dommages collatéraux subis par son économie alors que le différend commercial persiste.
Il convient de noter que l'économie canadienne a été confrontée à une forte volatilité en raison du conflit tarifaire. Le marché boursier a réagi brutalement à chaque rebondissement : par exemple, au début du mois d'avril, l'indice composé S&P/TSX a plongé de près de 10 % en l'espace de quelques jours de bourse - sa pire période depuis mars 2020 - en raison des craintes d'une guerre commerciale totale (pbs.orgpbs.org). Ce n'est qu'après la pause partielle des droits de douane américains, le 9 avril, que les marchés ont rebondi, les principaux indices affichant des gains de soulagement. Ces turbulences soulignent le défi que représente la planification des activités. Avec un gouvernement nouvellement élu à Ottawa et des négociations de haut niveau, les employeurs canadiens doivent rester prêts à faire face à une incertitude persistante.
Les sections suivantes présentent des considérations et des stratégies pour aider les organisations à gérer leurs effectifs et leurs activités dans ces conditions instables.
Considérations pour les employeurs face à l'imprévisibilité des tarifs douaniers américains
Alors que les responsables gouvernementaux s'efforcent de trouver des solutions, de nombreux lieux de travail canadiens subissent les conséquences du conflit tarifaire non résolu. La menace - et la réalité - d'une escalade des droits de douane sur les produits canadiens a créé une incertitude considérable pour les entreprises. Les employeurs ont été confrontés à des décisions difficiles dans cet environnement instable. Les conséquences les plus courantes sont le gel des embauches ou la révision des plans d'embauche, le report des projets d'investissement, le resserrement des budgets et, dans certains cas, les licenciements et les réductions de production. Malheureusement, ces scénarios ont commencé à se concrétiser. Au début du mois d'avril, un certain nombre d'entreprises ont annoncé des réductions d'effectifs en citant les droits de douane américains comme facteur déterminant. (bnnbloomberg.ca) Par exemple, le constructeur automobile Stellantis a temporairement interrompu la production de son usine d'assemblage de Windsor, en Ontario, pendant deux semaines, ce qui a entraîné le chômage technique d'environ 3 200 employés. L'entreprise a directement attribué cette pause aux nouvelles taxes imposées par les États-Unis sur les véhicules et les pièces importés, qui ont perturbé sa chaîne d'approvisionnement transfrontalière. Dans un autre cas, le fabricant Eascan Automation, basé à Winnipeg, a licencié environ un tiers de son personnel à la fin du mois de février en raison de clients qui bloquaient des projets dans un contexte d'incertitude économique - le coût de l'aluminium pour les intrants devait augmenter de près de 50 % en raison des droits de douane, ce qui érodait la demande pour de nouveaux équipements. Ces exemples montrent que les répercussions de la guerre tarifaire se font sentir des deux côtés de la frontière, frappant les entreprises et les travailleurs canadiens de manière tangible.
Les entreprises canadiennes sont également confrontées à des défis opérationnels qui vont au-delà de la dotation en personnel. Le caractère intermittent des annonces de droits de douane a été décrit comme un « coup de fouet » pour les entreprises qui dépendent du commerce transfrontalier. De nombreux responsables de la chaîne d'approvisionnement se sont retrouvés dans des situations de « stop and go » : ils ont dû faire passer la frontière à leurs expéditions avant l'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane, puis se sont empressés de réacheminer ou de conserver leurs stocks lorsque les politiques ont été modifiées à la dernière minute. Les courtiers en logistique et en douane signalent que leurs clients interrompent régulièrement leurs livraisons à l'approche de l'annonce de droits de douane par la Maison Blanche, puis paient des frais d'entreposage et de transport élevés pour acheminer rapidement les marchandises pendant les brefs répits. Ce climat erratique fait qu'il est extrêmement difficile pour les entreprises de planifier avec certitude leur production, leurs prix ou leurs stocks. Comme l'a fait remarquer le PDG de la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique, « les entreprises ont besoin de certitude pour fonctionner... et investir », et actuellement, la certitude se fait rare. (bnnbloomberg.ca)
Certains secteurs peuvent également bénéficier d'opportunités dans ce contexte de turbulences. Certaines organisations cherchent à rapatrier des processus ou à trouver des fournisseurs nationaux pour réduire l'exposition aux droits de douane américains, ce qui pourrait stimuler les industries d'approvisionnement canadiennes. (Par exemple, un fabricant canadien de produits alimentaires pourrait s'approvisionner en ingrédients localement plutôt qu'aux États-Unis afin d'éviter les coûts d'importation, ce qui créerait de nouveaux débouchés pour les exploitations agricoles canadiennes). À l'inverse, d'autres entreprises ont fait le choix difficile de délocaliser certaines de leurs activités aux États-Unis pour échapper aux droits de douane. Avant les hausses tarifaires d'avril, quelques fabricants canadiens ont déplacé une partie de leur production au sud de la frontière afin d'éviter des coûts d'exportation élevés. Si de telles mesures peuvent préserver l'accès d'une entreprise au marché américain, elles se font au détriment des emplois canadiens - une réalité qui se vérifie dans des cas comme celui du fabricant de meubles Prepac, qui a fermé son usine de Delta, en Colombie-Britannique, et transféré sa production en Caroline du Nord (une décision que le syndicat des travailleurs a critiquée en disant qu'elle « utilisait les droits de douane comme excuse »). En bref, les employeurs canadiens sont pris dans un jeu d'équilibre extrêmement difficile : absorber des coûts plus élevés, ajuster les modèles d'entreprise ou restructurer leur main-d'œuvre, le tout sous le couvert de l'incertitude commerciale.
Pour couronner le tout, les employés eux-mêmes se sentent vulnérables. Les périodes d'incertitude économique ont tendance à accroître l'anxiété des employés, et ce conflit commercial ne fait pas exception. Vos salariés sont probablement au courant des gros titres et s'inquiètent peut-être de la sécurité de leur emploi, en particulier dans les secteurs directement touchés par les droits de douane. Ils s'inquiètent également des conséquences plus générales de l'inflation et de l'augmentation des coûts pour leur famille, et observent la volatilité de leur épargne-retraite. La volatilité récente a notamment durement touché les plans de retraite - par exemple, une défenseure canadienne des personnes âgées a admis qu'elle avait « peur de regarder » ce que les baisses du marché induites par les tarifs douaniers avaient fait à son REER, craignant de survivre à ses économies si le marché continuait à s'effondrer. Certains employés expriment même leur inquiétude face à une rhétorique extrême (telle que l'annexion du Canada par les États-Unis) qui, bien que spéculative, a été mentionnée par les dirigeants dans le contexte du conflit. Tous ces éléments s'ajoutent à une main-d'œuvre stressée.
Dans ce climat, les employeurs doivent s'attendre à ce que le moral et la concentration des employés soient affectés. Même les employés dont l'emploi n'est pas immédiatement menacé peuvent être confrontés au stress économique général ou à l'incertitude quant à l'avenir. Il est essentiel que les employeurs canadiens reconnaissent ces préoccupations et prennent des mesures proactives pour soutenir leurs équipes.
Stratégies pour relever les défis liés à la main-d'œuvre et aux opérations
Face aux conflits commerciaux en cours et à la volatilité économique, les employeurs canadiens peuvent recourir à plusieurs stratégies pour stabiliser leurs activités et leur main-d'œuvre :
Prévoir plusieurs scénarios et rester souple : dans un environnement imprévisible, il est essentiel de prévoir des scénarios. Les entreprises devraient élaborer des plans d'urgence pour divers résultats - d'une escalade tarifaire complète à une résolution négociée. Il peut s'agir de prévoir l'impact financier de différents niveaux tarifaires et de prévoir des « plans de déclenchement » pour chacun d'entre eux (par exemple, les mesures à prendre si les tarifs doublent par rapport aux mesures à prendre si les tarifs sont levés). Comme l'a indiqué le PDG de la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique, les entreprises doivent « s'appuyer à nouveau sur [leurs] compétences tout en se concentrant sur ce qu'elles peuvent contrôler ». Cela signifie qu'elles doivent rester souples : être prêtes à réorienter les opérations ou à redéployer les ressources dans un délai très court. De nombreuses entreprises ont appris pendant la pandémie à fonctionner avec agilité, et ces leçons sont inestimables aujourd'hui. Encouragez votre équipe de direction et vos cadres à revoir et à mettre à jour régulièrement les plans d'action à mesure que de nouvelles informations apparaissent.
Optimiser les coûts et préserver la trésorerie : une gestion plus rigoureuse des coûts peut aider à surmonter la tempête. Examinez minutieusement les budgets pour détecter les dépenses non essentielles qui peuvent être suspendues. Envisagez de reporter les gros investissements ou les plans d'expansion jusqu'à ce que les perspectives s'éclaircissent. Il est également judicieux de renforcer les liquidités - par exemple en utilisant des lignes de crédit ou en constituant des réserves de trésorerie - au cas où les ventes diminueraient ou les coûts des intrants augmenteraient. « Réduisez vos coûts dans la mesure du possible », conseille Mme Fiona Famulak, de la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique. Certaines entreprises prennent des mesures créatives pour protéger leurs marges. Une entreprise de restauration d'Edmonton a créé un système dynamique de suivi des coûts pour ses 100 ingrédients les plus utilisés afin de pouvoir appliquer un « supplément tarifaire » aux commandes des clients si les coûts des intrants augmentent de façon inattendue. Ce type de stratégie de tarification réactive, bien qu'il s'agisse d'un dernier recours, peut aider une entreprise à survivre en répercutant certains coûts de manière transparente. L'essentiel est d'être proactif - d'identifier les points de pression dans votre structure de coûts et de remédier aux inefficacités dès maintenant, afin de disposer d'une marge de manœuvre en cas d'aggravation de la situation.
Diversifier les chaînes d'approvisionnement et les marchés : Le conflit tarifaire est un rappel brutal de la dépendance excessive à l'égard d'un seul partenaire commercial. Dans la mesure du possible, recherchez d'autres fournisseurs en dehors des États-Unis pour les matériaux ou les stocks essentiels, ou approvisionnez-vous davantage au niveau national. Même si les fournisseurs américains restent vos principaux partenaires, le fait d'avoir des sources secondaires (au Canada ou dans d'autres pays) peut réduire votre vulnérabilité aux droits de douane ou aux perturbations aux frontières. De même, envisagez de diversifier votre clientèle et vos marchés d'exportation. Si votre stratégie de croissance était fortement axée sur les États-Unis, vous pourriez intensifier vos activités de marketing en Europe ou en Asie afin d'ouvrir de nouvelles sources de revenus. Les agences gouvernementales de promotion du commerce, comme Exportation et développement Canada, peuvent vous aider à identifier de nouveaux débouchés. À long terme, une empreinte commerciale plus diversifiée rendra votre entreprise moins exposée aux politiques d'un seul pays.
Tirer parti des programmes d'aide gouvernementaux : Veillez à tirer pleinement parti des mesures d'allègement proposées par les autorités canadiennes. Les gouvernements fédéral et provinciaux ont mis en place des mesures de soutien pour aider les entreprises et les travailleurs touchés par les tarifs douaniers. Par exemple, le gouvernement fédéral a temporairement renoncé au délai d'attente d'une semaine de l'assurance-emploi pour les licenciements liés au différend commercial et a assoupli les règles de l'assurance-emploi afin que les indemnités de départ ne retardent pas les prestations (pm.gc.ca) - ce qui peut atténuer l'impact sur les employés si vous devez absolument procéder à des licenciements temporaires. Les chefs d'entreprise doivent également noter les reports d'impôts en place : les paiements de l'impôt sur le revenu des sociétés et les versements de la TPS/TVH qui devenaient exigibles au printemps ont été reportés au 30 juin 2025, ce qui a permis aux entreprises canadiennes de disposer de 40 milliards de dollars de liquidités. En outre, de nouvelles facilités de financement fédérales et un financement accru des agences de développement régional sont mis en place pour aider les entreprises à traverser cette crise. Tenez-vous au courant des programmes tels que le programme de partage du travail (qui permet au personnel de travailler à temps réduit tout en recevant une partie de l'assurance-emploi, ce qui évite les licenciements) ou de toute subvention provinciale destinée aux industries touchées par la crise. Ces aides peuvent être des bouées de sauvetage essentielles pour maintenir les opérations et conserver votre main-d'œuvre pendant les périodes difficiles.
Maintenez une communication ouverte avec vos parties prenantes : Communiquez proactivement avec vos principales parties prenantes, notamment vos employés, vos fournisseurs, vos clients et vos investisseurs, sur la manière dont votre entreprise gère la situation tarifaire. L'incertitude est plus facile à supporter lorsque chacun est tenu informé. Si vous ajustez des commandes ou des calendriers de production avec vos fournisseurs, accordez-leur le plus de temps possible et collaborez pour trouver des solutions. Avec vos clients, soyez transparent si vous prévoyez des retards de livraison ou si vous devez ajuster vos prix en raison des coûts tarifaires ; de nombreux clients seront compréhensifs s'ils sont tenus informés. En interne, impliquez vos équipes (plus d'informations à ce sujet dans la section suivante) afin qu'elles comprennent les mesures prises pour relever les défis. Une communication claire et fréquente peut préserver la confiance, précieuse en période de turbulences.
Soutenir le bien-être et la santé financière des employés
En période d'incertitude, le devoir de diligence d'un employeur envers ses employés devient encore plus crucial. Soutenir le bien-être et la santé financière de ses employés n'est pas seulement une réponse bienveillante : cela peut contribuer à maintenir la productivité et la loyauté lorsque les tensions externes sont élevées. Les responsables RH canadiens devraient envisager plusieurs approches pour soutenir leurs effectifs pendant le conflit tarifaire :
Tirez parti de vos programmes d'avantages sociaux et d'aide : Rappelez aux employés les ressources disponibles pour les aider à gérer le stress ou les difficultés financières. Par exemple, la plupart des régimes d'avantages sociaux collectifs comprennent un programme d'aide aux employés (PAE) ; assurez-vous que vos employés savent comment y accéder. Les PAE offrent souvent des services de conseil et des ressources d'auto-assistance pour gérer le changement, l'anxiété et l'incertitude. Ils peuvent également proposer du coaching financier ou des outils de bien-être. Ces outils peuvent être précieux pour les employés aux prises avec des soucis d'argent ou une détresse émotionnelle liée à la volatilité de l'économie. De plus, vérifiez si vos régimes d'assurance maladie couvrent des services de soutien à la santé mentale (comme des séances de psychologie) et faites-en la promotion auprès de votre équipe. Certains employeurs bonifient leurs avantages sociaux face à l'inflation, par exemple en augmentant les limites de couverture ou en ajoutant des journées bien-être. Toute mesure renforçant votre soutien sera appréciée par vos employés.
Offrez une éducation financière et des conseils sur les marchés : De nombreux employés s'inquiètent de leur avenir financier, qu'il s'agisse de la gestion quotidienne de leur budget face à la hausse des prix ou de l'impact des fluctuations des marchés sur leurs placements de retraite. Les employeurs peuvent contribuer à améliorer la littératie et la résilience financières. Envisagez d'organiser des ateliers ou des webinaires sur le bien-être financier pour vos employés. Les sujets pourraient inclure la budgétisation en période d'inflation, les stratégies de gestion des dettes ou la compréhension des principes de base des placements dans les REER et les CELI. Vous pourriez collaborer avec votre fournisseur de régime de retraite ou un conseiller financier pour animer ces séances. D'ailleurs, vos fournisseurs de régimes de retraite collectifs proposent probablement des ressources prêtes à l'emploi sur la gestion de la volatilité des marchés et des outils de planification de la retraite (p. ex., calculatrices en ligne, séminaires sur l'investissement). En sensibilisant vos employés à la façon d'ajuster leurs plans financiers, vous les aidez à se sentir plus en contrôle. Par exemple, expliquer l'importance de conserver des placements à long terme malgré les baisses temporaires des marchés peut apaiser les inquiétudes concernant leur retraite ou leur REER. Si votre régime propose des entretiens individuels avec un conseiller en retraite, encouragez vos employés à en profiter. Des outils d'information sur le marché et des conseils financiers impartiaux peuvent contribuer grandement à apaiser la peur de l'inconnu. Les employés plus confiants quant à leurs finances personnelles seront moins distraits au travail.
Communiquez de manière transparente et fréquente : En période de turbulences, la visibilité et l'honnêteté de la direction sont primordiales. Assurez-vous de communiquer régulièrement avec vos employés sur la façon dont l'entreprise réagit à la conjoncture économique. Cela peut prendre la forme de réunions mensuelles, de mises à jour hebdomadaires par courriel du PDG ou de points de situation entre les services – tout format adapté à votre organisation, à condition que la communication soit cohérente. Partagez ce que vous pouvez sur la situation : par exemple, si les droits de douane américains ont entraîné une hausse de vos coûts de production, vous pouvez expliquer que l'entreprise met en œuvre des mesures d'économie (gel des déplacements, etc.) pour éviter tout impact sur l'emploi. Si l'activité ralentit, abordez le sujet qui fâche et réaffirmez votre engagement envers la sécurité d'emploi de votre équipe chaque fois que possible. Les employés n'attendent pas de leurs dirigeants qu'ils aient une boule de cristal, mais ils apprécient profondément la franchise. Une communication transparente renforce la confiance et la crédibilité. Elle atténue également les rumeurs : en l'absence d'informations, les employés pourraient imaginer le pire. En les tenant régulièrement informés, vous démontrez que la direction maîtrise la situation et se soucie des intérêts du personnel. Même si la nouvelle est difficile (par exemple, une réduction nécessaire des horaires), la communiquer avec ouverture et empathie favorisera la résilience des équipes. Encouragez également la communication bilatérale : mettez à disposition des canaux (sondages, questions-réponses, boîtes à suggestions anonymes) pour que les employés puissent exprimer leurs préoccupations ou leurs idées. Faire en sorte que les employés se sentent entendus est un puissant moyen de remonter le moral lorsque des événements extérieurs les rendent impuissants.
En outre, faites preuve d'empathie et de flexibilité. Comprenez que les employés peuvent être confrontés à des difficultés à la maison : par exemple, l'emploi de leur conjoint pourrait être affecté par les tarifs douaniers, ou ils pourraient réduire leurs dépenses personnelles. Dans la mesure du possible, offrez de la flexibilité : autorisez le télétravail ou des horaires aménagés si cela permet à un employé de gérer son stress ou de réaliser des économies (par exemple, sur les trajets domicile-travail). Un environnement de travail stimulant renforcera la loyauté et le bien-être mental des employés. Célébrer les petites victoires et mettre l'accent sur le travail d'équipe peut également rappeler à chacun que nous sommes tous solidaires.
Nous sommes là pour vous aider
Alors que le différend tarifaire entre les États-Unis et le Canada continue d'évoluer, nous continuerons de fournir des mises à jour et des informations aux employeurs canadiens. Notre équipe expérimentée travaille activement avec des partenaires d'assurance et d'investissement pour optimiser la couverture et les solutions financières, aidant ainsi les organisations à maintenir des programmes d'avantages sociaux rentables en dépit de l'incertitude. Grâce à une gestion proactive des politiques et à une analyse continue du marché, nous sommes là pour vous aider à naviguer en toute confiance dans les changements économiques.
Contactez-nous dès aujourd'hui pour faire le point sur votre couverture actuelle et explorer des stratégies visant à maintenir la stabilité dans un marché en constante évolution. Nous comprenons l'impact plus large que les tarifs peuvent avoir sur vos opérations, votre main-d'œuvre et votre stratégie globale, et nous sommes prêts à vous aider à vous adapter et à prospérer malgré ces défis. Contactez People Corporation dès aujourd'hui pour savoir comment nous pouvons vous aider.