Les conflits mondiaux : comprendre et gérer son bien-être

La situation actuelle en Ukraine fait que beaucoup d’entre nous se sentent dépassés, désemparés et impuissants. Les Canadiens se demandent : Que pouvons-nous faire pour aider?

La triste réalité de la vie dans une communauté mondiale est que nous serons inévitablement plus influencés par les événements mondiaux. Lorsque nous sommes témoins d’un conflit injuste, effrayant et d’une grande ampleur comme celui qui se déroule en Ukraine, nous ne pouvons nous empêcher d’éprouver des sentiments d’anxiété et d’inadéquation.

Plusieurs raisons expliquent pourquoi la réaction au conflit en Ukraine est si forte. Naturellement, les personnes ressentent de la compassion pour ceux qui risquent leur vie ou qui meurent, ainsi que pour les familles qui sont déplacées ou séparées. Mais de telles tragédies touchent également des personnes plus proches de nous. De nombreuses questions se posent, notamment :

  • Qu’arrivera-t-il aux personnes prises dans le combat?
  • Que se passera-t'il ici, chez nous?
  • La paix et la démocratie mondiales seront-elles menacées?

Pour toute personne qui a envisagé ou envisage d’avoir des enfants, ces sentiments sont particulièrement forts. Pour les jeunes, qui ne peuvent pas encore mettre ces conflits dans le contexte plus large de l’histoire de l’humanité, ces derniers sont très bouleversants. Et les personnes qui souffrent déjà de problèmes de santé mentale verront le déséquilibre chimique et la dépression réactionnelle exacerbés par les événements actuels.

Cette situation est préoccupante, et c’est pourquoi tant de personnes se demandent ce que nous pouvons faire aujourd’hui en matière de gestion du bien-être. Si vous êtes également préoccupé(e) par la santé mentale, la vôtre ou celle d’un proche, voici quelques éléments à prendre en compte.

Les facteurs qui influencent les réactions des êtres humains aux conflits mondiaux

Chaque fois que le monde se déchaîne autour de nous, rester équilibré devient un défi. La plupart des personnes sont déjà soumises aux facteurs de stress quotidiens que sont le travail, la famille, les amis, l’entretien de la maison, etc. Les facteurs suivants ne font qu’accroître les frustrations et les angoisses typiques.

La pandémie mondiale 

À la suite d’une crise sanitaire mondiale et de périodes d’isolement, beaucoup d’entre nous sont fatigués et vulnérables. Au cours des deux dernières années, nous avons été isolés et avons fait face à des situations difficiles. Voici quelques exemples :

  • Nous avons été privés d’interactions sociales.
  • Nous avons composé avec la peur de transmettre le virus et la maladie.
  • Nous avons été confrontés à des difficultés économiques.
  • Nous avons perdu des êtres chers.

Ensemble, ces facteurs ont épuisé nos ressources et nous avons l’impression d’être démunis. Nous sommes fatigués, et nous sommes à présent secoués par une nouvelle crise mondiale, si bien que gérer son bien-être semble plus difficile que jamais.

La peur de l’inconnu 

La Russie est une puissance nucléaire, et la crainte de voir une intensification du conflit peut entraîner de l’anxiété. Si de nombreux pays s’impliquent, en quoi la sécurité des Canadiens sera-t-elle concernée? Qu’en est-il de l’implication du Canada?

Ces questions peuvent nous amener à faire une fixation sur les réponses possibles. Certaines personnes ont observé un comportement de doomscrolling, c’est-à-dire un défilement morbide de fils d’actualité et de publications dans les médias sociaux pour connaître les pires scénarios ou dénouements potentiels. Le besoin d’obtenir plus d’informations peut entraîner une augmentation de l’anxiété, car à ce stade, il n’y a aucune certitude.

Les expériences vécues 

En tant que Canadiens, beaucoup d’entre nous ont une expérience directe ou générationnelle de la fuite du danger et des conflits, notamment : être témoin de violences et fuir les persécutions, la pauvreté ou la famine.

Les images et les sons du conflit actuel peuvent raviver des souvenirs d’expériences et de pertes passées. Pour les Canadiens racialisés et autochtones, des expériences traumatisantes de discrimination et de victimisation peuvent également être suscitées. Il en va de même pour les personnes d’origine ukrainienne, pour qui ces images peuvent également provoquer de profondes réactions.

« La recherche sur l’exposition à la violence et aux conflits à travers les médias indique que le fait d’être observateur mène à un réel coût psychologique, en particulier si l’on observe longtemps et si l’on a soi-même subi des traumatismes », explique Mashable. [1] Voir des réfugiés fuir leurs maisons et des villes attaquées rappelle à ceux qui ont connu ce genre de situations leur propre histoire.

La consommation d’informations sur les conflits mondiaux : un cercle vicieux

Comme vous pouvez le constater, cela fait beaucoup de choses à encaisser. Cela ne signifie pas qu’il est impossible de gérer son bien-être; cela signifie simplement que nous devons faire des efforts pour y parvenir.

Nous avons demandé l’avis de la Dre E. Alison Holman, chercheuse à l’université de Californie, qui étudie les effets sur la santé physique et mentale de l’exposition à un traumatisme collectif, sur le fait d’être un observateur de l’invasion russe. Elle recommande vivement de réduire la consommation d’informations pour gérer son bien-être.

Les sites Web et les applications comportent des algorithmes conçus pour inciter les utilisateurs à faire défiler le contenu, ce qui accroît l’exposition à des images dérangeantes. Nous entrons ainsi dans un cercle vicieux qui peut être particulièrement néfaste pour les personnes ayant survécu à des traumatismes passés.

Les recherches montrent que « l’exposition passée à la violence est associée à une utilisation accrue des médias après un événement traumatisant majeur, ainsi qu’à une augmentation des symptômes de stress post-traumatique et des inquiétudes pour l’avenir. À son tour, cette situation semble déclencher un cycle dans lequel la personne risque davantage de consommer la couverture médiatique d’événements violents ultérieurs et de subir un stress aigu plus important à la suite de ces incidents ». [2]

Des conseils de professionnels pour gérer son bien-être dans le monde d’aujourd’hui

La meilleure chose que nous puissions faire est de fixer des limites et de changer certaines de nos habitudes, comme limiter notre consommation d’informations, en particulier d’images de violence et de destruction.

Il ne s’agit pas d’ignorer les conflits mondiaux ou de s’en détourner, mais de gérer nos expériences en la matière. Encourager davantage d’activités saines et d’interactions sociales permettra d’obtenir de meilleurs résultats. Voici quelques conseils pour gérer votre santé mentale dans la situation actuelle :

  • Écoutez, regardez et lisez des informations provenant uniquement de sources fiables.
  • Limitez la consommation d’informations et évitez de lire constamment le contenu des médias sociaux.
  • Faites une pause dans l’utilisation des médias sociaux et des bulletins de nouvelles à la télévision.
  • Participez à un ensemble d’autres activités comme l’exercice, la socialisation et la marche à l’extérieur.
  • Trouvez des moyens de contribuer positivement aux efforts de secours ou de soutenir les réfugiés.

Ensemble, ces activités vous apporteront un soulagement significatif. Elles ne vous feront pas oublier que d’horribles choses sont en train de se produire, mais elles vous redonneront le sentiment de contrôler votre vie, ce qui vous apportera une plus grande sérénité.

Faire de la santé mentale et physique des priorités

La gestion du bien-être ne se résume pas à la décision d’agir avec plus de détermination ou de diminuer sa consommation d’informations. Il est également important de privilégier la santé mentale à un niveau systémique, et c’est là qu’interviennent les employeurs, les établissements d’enseignement et les établissements de santé publique. Chacun d’entre eux est particulièrement bien placé pour influencer de nombreuses personnes à la fois, en leur apportant l’aide dont elles ont besoin pour faire face aux conflits mondiaux avec plus de sérénité.

Vous souhaitez en savoir plus sur la manière dont vous pouvez apporter une contribution positive à votre communauté tout en favorisant la réussite de votre entreprise? La Corporation People serait ravie de discuter de vos options de gestion du bien-être dès aujourd’hui, alors n’hésitez pas à nous contacter dès maintenant.

Par Judy Plotkin, vice-présidente, Solutions de santé

 

Références
  1. Media exposure to mass violence events can fuel a cycle of distress, Rebecca R. Thompson, Nickolas M. Jones, E. Alison Holman, 2019.
  2. Mental- and physical-health effects of acute exposure to media images of the September 11, 2001, attacks and the Iraq War, Roxane Cohen Silver, E. Alison Holman, Judith Pizarro Andersen, Michael Poulin, Daniel N. McIntosh, Virginia Gil-Rivas, 2013

 

Unknown

 

Judy Plotkin, M.T.S, vice-présidente, Solutions de santé, de La Corporation People, est titulaire d’un baccalauréat ès arts et d’un diplôme en travail social de l’Université Ryerson et d’une maîtrise en travail social de l’Université de Toronto. Depuis plus de 25 ans, elle assume des responsabilités croissantes dans les secteurs de l’aide aux employés, de la gestion de l’invalidité et du mieux-être au travail, et son expérience inclut en outre des services de consultation auprès de victimes de traumatismes et la création de milieux de travail psychologiquement sains.